Business agility et permaculture; deux termes en vogue dans une époque instable. Crise sanitaire du COVID, législation, changements technologique et culturel rapides, l’année 2020 projette les entreprises vers un besoin imminent de mettre en pratique l’adaptabilité et l’écologie.
Un double objectif que la permaculture et la business agility savent résoudre. C’est la raison pour laquelle, j’ai envie de partager dans cet article les points communs que j’y vois. Même si ces mouvements s’appliquent a priori à des domaines différents, ils se rejoignent par leur approche systémique respectueuse du vivant que je résume en 3 points :
- La stratégie s’adapte aux informations données par le contexte
- La transformation est progressive
- Les ressources sont optimisées et les interactions sont valorisées
La stratégie s’adapte aux informations données par le contexte
Permaculture
S’attache
- à observer l’environnement d’un terrain pour construire le design qui conviendra à ces spécificités
Business Agility
Propose
- de concevoir la stratégie d’une entité par rapport à l’expérience de son client cf. principe 1 : L’orientation principale est vers les besoins des clients grâce à l’amélioration constante de l’expérience client
- de l’adapter aux éléments de contexte cf. principe 2 : Les stratégies et les plans tactiques sont fortement adaptables et responsifs. Le changement est le bienvenu
Dans les deux cas, l’entreprise ou le jardinier auront beaucoup d’informations à traiter. Dans l’esprit du jardinier permacole, c’est l’utilisation de l’information qui permettra de relever le défi alimentaire de produire une grande quantité de nourriture sur une très petite surface en respectant la terre et les hommes.
L’objectif de l’entreprise est donc de s’adapter à son environnement, son contexte.
Mais comment ? En actionnant 4 leviers en interne :
- adaptation des structures : organisation des équipes pour délivrer un produit de qualité cf. principe 11 : Les meilleurs résultats émergent de petites équipes avec un haut degré d’autonomie
- adaptation des processus : processus simples, adaptatifs, mesurés et en amélioration continue cf. principe 7 : L’amélioration continue est obtenue grâce au temps de réflexion intégré
- adaptation du flux de travail : gestion d’un flux connu, une capacité mesurée et ajustée, un effort minimisé, un gaspillage limité cf. principe 8 : Travailler en Itératif et en mode sprint, offre une valeur client grâce à un avancement et une dynamique continue
- adaptation de la gouvernance : des indicateurs clairs, cohérents avec la stratégie, des leaders ouverts, des équipes cross-fonctionnelles, autonomes et pro-actives cf. principe 5 : Créer des entreprises avec des individus motivés. Donner aux équipes les moyens de délivrer dans un environnement de travail flexible caractérisé par la confiance et le confort
Une fois donc l’observation faite, en permaculture comme pour la business agility, des pratiques vont permettre au système de devenir dynamique, d’où le deuxième point.
Dans la business agility et la permaculture, la transformation est progressive
Comme le biomimétisme le propose, la complexité du système et de son environnement deviennent des forces. Elles rendent possibles des synergies, des innovations et une capacité à relever des défis inconnus.
A l’instar de la Nature, le système va utiliser ces informations pour croître et se développer avec moins de ressources et d’énergie.
Et pour traiter toutes ces informations, la permaculture et la business agility respectent certaines pratiques. Lesquelles ?
- La priorisation
- La production par petit pas (petite, fréquente et régulière)
- L’expérimentation de nouvelles idées Cf. principe 9 : Les entreprises agiles soutiennent l’innovation et le progrès implacables et durables. Le changement et l’itération sont constants et le rythme de l’avancement ne ralentit jamais
- L’inspection du travail réalisé Cf. principe 4 : Les résultats du travail (Business Value) sont la mesure optimale du progrès et du succès
- L’amélioration continue
- L’apprentissage par la formation et l’information Cf. principe 12 : L’excellence technique et une bonne conception sont au cœur du maintien du rythme et de l’agilité
Ces pratiques sont connues des méthodes agiles. Là, où la business agility va plus loin et qui est de même nature pour la permaculture, c’est la notion de durabilité au travers son caractère écologique.
Les ressources (matériaux, énergie) sont économisées et les interactions valorisées
La finalité d’un système durable est de se développer le plus longtemps possible. Après avoir compris qu’un système qui conçoit de façon spécifique sa stratégie et qui met en place des pratiques agiles est viable et productif, il faut envisager la durabilité. Le respect de l’homme et le respect de la nature deviennent des paramètres incontournables.
Trois derniers éléments sont à prendre en compte :
- l’économie des ressources (matériaux, énergie physique) Cf. principe 10 : Minimisez l’effort, la duplication et les ressources gaspillés
Récupération des contenants et reproduction des bons fruits
- l’économie des hommes (charge mentale allégée, estime de soi, droit à l’erreur….) Cf. principe 6 : La bureaucratie et la politique sont réduites au maximum, la co-localisation et la communication en face à face sont optimisées dans la mesure du possible
Co-localisation
- la valorisation des interactions (entre équipiers, avec les clients, voisins, la collectivité….) Cf. principe 3 : Une collaboration cross-fonctionnelle efficace, soutenue par une intention claire, est essentielle au succès
Cette synthèse rapprochant l’approche business agility de la permaculture soulève un dernier point commun : elles insufflent un état d’esprit qui allient des principes mais ne développent une méthode.
La mise en place d’une telle approche prend un peu plus de temps que le déploiement d’une méthode standardisée, mais au final elle garantit une plus grande adaptabilité du système, car ce dernier deviendra moins vulnérable aux différentes crises qu’il pourra rencontrer.
Les thématiques éligibles à la business agility sont nombreuses : recherche d’axes d’innovation, amélioration de sa réactivité à s’adapter à un marché concurrentiel, développement d’outils de collaboration, accompagnement des leaders…..
Anne-Laure Bodelet, Business Agility Coach